Il court, il vole, il fascine. Et pourtant, chaque printemps, il chute. Kylian Mbappé, comète de son époque, continue de hanter les pelouses d’Europe avec le même regard incandescent… mais le destin, moqueur, lui refuse toujours l’étreinte des nuits éternelles. Neuf saisons. Neuf rendez-vous. Neuf déceptions. Et pourtant… il est encore là .
Le roi sans couronne
Mercredi soir, au cœur d’un Bernabéu tétanisé, Mbappé a déçu. Pas de but, pas d’éclair. Juste un homme, blessé, presque invisible, happé par le silence du stade. Le Real Madrid s’incline, et avec lui, l’ambassadeur du rêve français. Mais ne nous y trompons pas : ce roi-là n’a pas abdiqué. Il a chuté, oui — mais le sol ne l’a jamais retenu bien longtemps.
Une histoire d’amour contrariée
Il l’aime, cette Ligue des champions. Il la poursuit avec ferveur, comme un poète éperdu derrière sa muse. Mais elle, capricieuse, se refuse à lui, encore et encore. C’est une romance qui s’écrit à l’encre des regrets.
Mais que serait une épopée sans obstacle ? Que vaudrait une légende sans malédiction à briser ? Car toutes les grandes histoires commencent dans la douleur. Celle de Mbappé est simplement encore en construction.
Le paradoxe d’un génie inachevé
Avec 42 buts en 64 matchs, Mbappé ne triche pas. Il frappe, il accélère, il électrise. Mais ses efforts se brisent sur les falaises du destin collectif. Comme si son génie individuel ne trouvait jamais d’écho dans le destin de son équipe. C’est là toute la cruauté de ce sport magnifique : le talent ne suffit pas. Il faut aussi l’alignement des astres, l’alchimie des âmes, et parfois, un soupçon de grâce.
Ne pas confondre l’attente et la fin
À 26 ans, on voudrait déjà tout lui demander. Tout lui reprocher. Mais les plus grands ont parfois mis du temps à entrer dans la légende. Zidane l’a attendue jusqu’à Glasgow. Didier Drogba, jusqu’à Munich.
Et si Mbappé était simplement en train d’écrire une de ces histoires que l’on se rappelle longtemps ? Celles où l’attente magnifie le triomphe.
Un printemps de plus, un espoir en suspens
Ce printemps ne sera pas le sien. Soit. Mais l’été, lui, appartient encore aux audacieux. Et si la Ligue des champions se refuse encore, l’homme, lui, refuse de renoncer. C’est là sa grandeur. Dans la constance. Dans l’élégance du combat.
Car un champion, ce n’est pas celui qui gagne toujours. C’est celui qui refuse d’arrêter d’y croire.